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Pint Of Science 2018 : « Il était une fois le Cerveau »

Pint of Science ou parler de neurosciences en sirotant une bière

 

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Boire une bière avec des scientifiques, en parlant sciences ? C’est le concept du festival « Pint Of Science ». Cette idée est née en 2012 à Londres. Au départ, deux chercheurs anglais ont décidé d’ouvrir les portes de leur laboratoire au grand public. Un public curieux, intéressé, fasciné… Ils ont donc voulu réitérer l’expérience mais dans un lieu « moins officiel, moins institutionnel »… un lieu où les échanges seront plus faciles, où les frontières seront abolies. Alors, pourquoi pas un pub ? Et, en 2013, Pint Of Science (PoS pour les intimes) était né ! L’évènement a regroupé 5 organisateurs et 3 000 participants en Angleterre. L’année d’après, le concept s’exporte dans 6 pays, dont la France, et en particulier à Bordeaux où 300 personnes ont participé. En 2017, il y avait 1 000 participants (et 10 000 sur l’ensemble de la France). Est-ce que l’édition 2018 va permettre de battre le record ?

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Un événement Pint Of Science exceptionnel

Hier (17 Janvier, 19h), dans le bar HMS Victory à Bordeaux, a eu lieu un évènement Pint of Science exceptionnel en partenariat avec Cap Sciences : une rencontre entre deux chercheuses en neurosciences du Neurocampus de Bordeaux et un public, initié ou non, en tout cas intéressé, par ces questions liées au cerveau. Une sorte d’avant-goût du festival PoS officiel qui aura lieu du 14 au 16 Mai prochain.

Nous, les participants (et oui, c’était ma première fois !), avons été très aimablement accueillis par Julia, présidente de l’association NBA (non, rien à voir avec le basket : Neuroscience in Bordeaux Association). Cette association a été créée en 2012 par et pour les étudiants en neurosciences de Bordeaux (pour en savoir plus, retrouvez leur site ici !). Benjamin, le responsable PoS en Nouvelle-Aquitaine était également présent. Une très belle occasion pour moi puisque j’ai pu ainsi rencontrer l’équipe d’organisation de PoS Bordeaux, dont je fais maintenant partie.

Hier soir, il y avait deux présentations sur les neurosciences faites par deux chercheuses du Neurocentre Magendie, un centre INSERM multidisciplinaires sur les neurosciences. Nora Abrous et Aude Panatier nous ont partagé leurs recherches et leur passion du cerveau.

 

Avez-vous déjà entendu parler de la « plasticité neuronale » et de la « néo-neurogenèse » ?

Beaucoup de mots savants !

Déjà, partons de la base : qu’est-ce qu’un neurone ? Une cellule nerveuse constituant l’unité fonctionnelle de base du système nerveux. Ces cellules assurent la transmission d’une message nerveux et contrairement à une idée reçue, elles ne sont pas uniquement présentes dans le cerveau, mais dans tout le corps ! Et vous savez combien on en possède ? Près de 100 milliards !

Revenons maintenant à la « plasticité neuronale ou cérébrale ». Il s’agit de la capacité du cerveau (et des neurones) à se remodeler et à évoluer. C’est cependant un concept assez nouveau. En effet, il y a encore 50 ans, on estimait que le cerveau était un organe rigide qui, une fois développé, ne pouvait plus ni évoluer, ni se régénérer.

La « neurogenèse » correspond à la régénération du cerveau et de ses neurones  (et voilà le dernier « savant » mot écrit précédemment !).

Le neurobiologiste Espagnol Santiago Ramón Y Cajal écrivait ainsi en 1906 « qu’une fois le développement terminé, la pousse et la régénération [des neurones] s’arrêtent de manière irrévocable. Dans le système nerveux central adulte, le réseau nerveux est fixe, terminé et immuable». Un dogme de l’immuabilité du cerveau qui n’a pas été remis en question avant 1970. À cette date, on a découvert chez certains mammifères que les neurones étaient en fait capables de se régénérer !

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À partir de là, les recherches et découvertes s’accélèrent : en 1980, on s’aperçoit que les neurones sont « plastiques », c’est-à-dire qu’ils peuvent subir des modifications morphologiques. Pour l’anecdote, c’était une découverte fortuite. Un chercheur en neurosciences (sur les rats) a, un soir, ramené ses rats chez lui (chose impossible aujourd’hui !). Ses enfants ont voulu jouer avec eux, en leur créant des labyrinthes et des pièges. Et, lorsque le chercheur les a ensuite ramenés dans son laboratoire, il s’est rendu compte que ses rats étaient devenus plus performants et plus éveillés. Et, quand il a observé leurs neurones, il s’est rendu compte qu’ils avaient grossi !

Des animaux vivants dans des milieux enrichis, qui sont sollicités, ont donc des neurones plus développés que des rats non manipulés et vivants dans des milieux non enrichis. À l’inverse, des animaux placés en conditions stressantes (enfermés dans des boîtes par exemple), ont des neurones plus atrophiés.

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Le cerveau adulte est donc en fait, plastique et peut évoluer !

 

Pint of Science vous parle de l’hippocampe et la mémoire

Ce cerveau, d’ailleurs, savez-vous comment il est constitué ? Il y a plusieurs structures dans le cerveau, plusieurs parties et plusieurs couches qui ont chacune des rôles spécifiques. Connaissez-vous la partie qui a un nom d’animal ? L’hippocampe (tout simplement pour sa ressemblance avec l’animal). Et bien, cet hippocampe est très important dans notre vie !

Tout d’abord pour notre mémoire (capacité à se rappeler des expériences passées) et notre apprentissage. On a remarqué qu’en plus de cela, l’hippocampe possède des cellules souches neurales, c’est-à-dire des cellules qui sont capable de se régénérer et de remplacer les « vieilles » cellules. Elles permettent donc à nos organes de se renouveler. Les cellules souches neurales vont donc pouvoir donner de nouveaux neurones.

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Quel peut donc être l’effet de ces nouveaux neurones sur notre mémoire ?

Je vous l’ai dit tout à l’heure, les activités enrichissantes permettent le développement des neurones existants, mais cela conduit aussi à la « néo-neurogenèse » et donc à la création de nouveaux neurones. Et, l’augmentation du nombre de neurones permet l’amélioration de la mémoire. L’hippocampe est un organe qui est sensible au stress et aux drogues. Ainsi, lorsque des rates gestantes sont enfermées dans des boîtes, il apparaît que leurs petits ont un faible nombre de neurones et donc des troubles de la mémoire. Ceci a aussi été montré avec les futures mamans soumises au stress de la guerre ou à des abus. Cependant, que l’on se rassure, ces effets sont réversibles ! En effet, si on ré-enrichit les milieux et que l’on sollicite les jeunes, on peut bloquer les effets délétères sur la mémoire.

Les drogues et alcools diminuent également le nombre de neurones et conduisent donc aussi à de potentiels troubles de la mémoire. L’effet est encore plus important au moment de l’adolescence.

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À la suite de cette première présentation, plusieurs participants ont posé des questions à Nora Abrous, comme par exemple s’il pouvait y avoir un rôle de l’alimentation sur la mémoire. Et, en effet, dans le cas de l’obésité ou du diabète par exemple, il peut y avoir une perturbation de la neurogenèse. Ceci peut conduire à des troubles de la mémoire. Trop de sucres, de lipides… peuvent ainsi affecter l’hippocampe et son fonctionnement.

L’un des messages forts qui est ressorti de cette présentation est vraiment le fait qu’il est important de stimuler la néo-neurogenèse, notamment chez les personnes âgées, car cela pourrait être une solution pour lutter contre les maladies de dégénérescence (telles que l’Alzheimer ou Parkinson). Il faut principalement éviter l’isolation de ces personnes !

 

Pint of Science vous présente les cellules du cerveau

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Après 30 minutes de pause, ce fut au tour d’Aude Panatier d’échanger avec nous sur ces travaux.

La question posée, et que je vous pose donc : n’y a-t-il que des neurones dans le cerveau ? Et bien non ! Il existe d’autres cellules, essentielles, que l’on appelle des cellules gliales ! Sachez qu’il y a autant de neurones que de cellules gliales.Ces cellules sont de plusieurs types et ont différents rôles nécessaires au bon fonctionnement des neurones :

  • Support structurel : formation, développement et maintien des neurones entre eux.
  • Support nutritionnel : apport des nutriments nécessaires à la survie des neurones.
  • Aide à la transmission plus rapide des messages nerveux.
  • Défense immunitaire du cerveau.
  • Élimination des déchets issus de la transmission des messages nerveux.

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Parmi ces différentes cellules gliales, il existe notamment les astrocytes. Un astrocyte est en interaction avec 1 vaisseau sanguin (apport des nutriments) et 100 000 neurones, vous imaginez donc son importance ! Les astrocytes sont aussi capables de former un immense réseau, cependant le rôle de ce réseau n’est pas encore bien connu. En effet, on étudie ces cellules que depuis 5 ans ! On sait malgré tout qu’elles sont essentielles à la mémoire et à l’apprentissage.

De nouveau, cette intervention a suscité des échanges et des débats (ce qui est l’ambition première de ce type d’évènement). Par exemple, y a-t-il des maladies qui puissent modifier le ratio neurone/cellule gliale ? Dans le cas de la maladie d’Alzheimer, toutes les cellules sont-elles affectées ? Aujourd’hui, on ne sait pas si le ratio est modifié, en revanche il est possible que chez les malades atteints d’Alzheimer, les astrocytes aient mal rempli leur rôle et donc mal développé les neurones. Nous avons aussi appris que les cellules gliales sont présentes chez tous les animaux, cependant leur nombre, taille et forme diffèrent entre les espèces.

Je finirai ce (long) article en vous donnant mon avis sur cet événement : j’ai trouvé cela très intéressant et passionnant. C’est une très bonne façon de rencontrer de nombreuses personnes de tout horizon et de pouvoir discuter avec elles, sans filtre. Une façon de développer son réseau, de découvrir de nouveaux sujets, de nouveaux métiers… Bref, je suis vraiment convaincue et je trouve que c’est un très bon dispositif de médiation scientifique qu’il faut encourager et développer ! D’ailleurs, vous pouvez vous impliquer dans l’organisation de Pint of Science. Pour en savoir plus, le site officiel est !

Pour savoir si vous avez été attentif : interrogation surprise ! Je vous propose le petit quiz que l’on nous a donné hier soir, alors sans fautes ? (Je donnerai les corrections en commentaires !).

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Connaissiez-vous Pint of Science ? Y avez-vous déjà participé ? Si oui, qu’en pensez-vous ? Si non, avez-vous envie de participer à cette nouvelle édition 2018 ?

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6 commentaires

  1. […] décalés, commencent à essaimer, comme par exemple Pint Of Science, dont je vous ai parlé dans cet article. Ils ont souvent lieu dans des bars, des cafés… une façon « officieuse » de partager les […]

  2. […] (PoS pour les intimes) organisée à Bordeaux sur le thème des neurosciences (article à retrouver ici). Puis, je vous en ai reparlé dans l’interview d’Élodie Chabrol, là […]

  3. […] Cliquez ici pour en savoir plus ! […]

  4. […] et d’échanger avec les publics. S’il faut un petit rappel, retrouvez mon article ici […]

  5. […] (PoS pour les intimes) organisée à Bordeaux sur le thème des neurosciences (article à retrouver ici). Puis, je vous en ai reparlé dans l’interview d’Élodie Chabrol, là […]

  6. […] et d’échanger avec les publics. S’il faut un petit rappel, retrouvez mon article ici […]

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