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Le théâtre : un dispositif de médiation scientifique adapté ?

Peut-on utiliser le théâtre pour diffuser des savoirs ?

 

Le théâtre : un dispositif de médiation scientifique adapté ?

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© Pixabay.

Cela fait maintenant plus d’un an que je vous présente différents supports de communication scientifique et que je discute avec vous de l’intérêt qu’ils peuvent avoir, ou non, pour diffuser les sciences.

Après les institutions muséales, les livres, les réseaux sociaux… Il y a un nouveau dispositif sur lequel j’ai envie de discuter avec vous : le théâtre. En effet, depuis déjà plusieurs années, le théâtre semble se démocratiser et être de plus en plus plébiscité pour transmettre des savoirs.

Nous avions déjà discuté de l’intérêt de la culture populaire pour diffuser les sciences (à retrouver ici), le théâtre est-il du même acabit ?

Quels sont ses avantages et ses inconvénients ? En quoi peut-il être un bon dispositif de communication scientifique ?

 

L’histoire des sciences au théâtre

L’idée d’utiliser le théâtre pour transmettre des savoirs n’est pas nouveau. Il ne serait donc pas juste de qualifier ce support de novateur. En réalité, il me semble plus correct de dire qu’on le redécouvre aujourd’hui.

Historiquement, il revêtait surtout un aspect plutôt pédagogique, voire moralisateur. Pour moi, le théâtre était alors plus proche de ce que j’appellerai un outil de « vulgarisation scientifique » aujourd’hui.

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© Pixabay.

 

Le 19ème siècle et l’émergence de la popularisation des sciences

Le Second Empire et la Troisième République se caractérisent par la naissance de nouvelles connaissances issues de l’essor de l’industrie. Cette époque voit alors l’émergence de différents supports pour partager et surtout « montrer » ces sciences nouvelles.

 C’est ainsi que se développent les fameuses Expositions Universelles ou bien même les concours d’inventions. La première édition du Concours Lépine s’ouvre ainsi en 1901. Une multitude de supports écrits naît également : revues, magazines… et romans ! À cette époque, l’un des plus grands vulgarisateurs scientifiques, même s’il ne se considère pas forcément comme tel, est bien Jules Verne. Avec ses œuvres, telles que 20 000 Lieux Sous Les Mers ou Voyage au Centre de La Terre, il apporte à ses lecteurs des connaissances insoupçonnées.

 

Louis Figuier, figure du « théâtre scientifique »

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© Wikipédia.

Ces romans vont inspirer Louis Figuier à l’origine du « Théâtre Scientifique ».  Il va en effet se servir du théâtre pour diffuser les sciences. Une nouvelle pratique peut-être un peu trop avant-gardiste pour l’époque…

Au départ, Louis Figuier souhaite « créer un nouveau genre dramatique qui aura pour caractère d’être honnête, instructif et moralisateur » et qui servira à instruire le peuple. Encore une fois, il s’agit donc bien, pour moi, d’un support de vulgarisation scientifique à part entière.

Pourtant, pourquoi utiliser le genre théâtral ? Car cela correspond à la conception de la vulgarisation de Louis Figuier où il faut du ludique, de l’amusement afin de « s’instruire sans fatigue ». C’est donc, pour lui, un outil qui permet de diffuser les sciences au plus grand nombre, sans se restreindre à une certaine couche de la société. Cela concernera aussi bien les ouvriers que la bourgeoisie. Il semblait avoir déjà cette idée, chère à mon cœur, que les sciences concernent toute la société et tou.te.s les citoyen.ne.s.

Le théâtre sera pour lui une façon de « mettre en scène la vie des grands hommes ». Une idée qui me semble, pour l’époque, précurseure et qui rappelle ce qu’on cherche à montrer aujourd’hui : les sciences en train de se faire. Nous pouvons aussi nous demander (mais peut-être que je suis biaisée) s’il ne désirait pas aussi « démystifier » les sciences. Il cherchait peut-être à montrer les êtres humains derrières les découvertes, à remettre de l’humanité derrière les savants.

Louis Figuier a ainsi écrit plusieurs pièces pour présenter ces savants. Les Vies des Savants met ainsi en scène, entre autres,  Gutenberg. D’autres pièces lui permettent d’illustrer des découvertes majeures de l’époque : le paratonnerre dans Le Mariage de Franklin ou le télégraphe électrique dans Miss Telegraph.

 

Un support qui ne rencontra pas forcément le succès escompté

Le « théâtre des sciences » a pourtant rencontré plusieurs difficultés. Tout d’abord la problématique de transmission de concepts et notions scientifiques complexes. Et aussi, la difficulté de création et d’imagination, car Figuier se cantonnait surtout aux faits.

Ces pièces n’ont donc pas rencontré beaucoup de succès, mais cela ne veut pas dire que ce support n’est pas pertinent. Figuier était peut-être un peu trop en avance sur son temps…

Ce qui se vérifie aujourd’hui ! Puisqu’en 2004, Norbert Aboudarham, aura plus de 10 000 spectateurs en 2 ans pour sa pièce Le Chat de Schrödinger. Ce sera une des meilleures recettes du théâtre parisien pour cette année-là.

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© Le Monde.

En effet, aujourd’hui la théâtralisation des sciences cherche plutôt à pousser à la réflexion, à l’imagination et à la créativité. Elle va de plus en plus faire appel aux sens et au vécu. Pour moi, cela se rapproche donc surtout de ce que j’appelle la « médiation scientifique ». Le but, me semble-t-il, va surtout être de remettre de l’émotion afin, par exemple, de transformer une simple découverte scientifique, en une véritable épopée. C’est donc une très bonne façon d’intéresser les publics, de faire en sorte qu’ils se sentent concernés et impliqués. Bref, une bonne façon de rendre les sciences vivantes et accessibles.

 

Le but de la théâtralisation des sciences aujourd’hui

Montrer les sciences en train de se faire

Il me semble juste (n’hésitez pas à me contredire) de dire que le théâtre et les sciences ont un même objectif : « donner une représentation du monde ». Pourtant, la (ou plutôt les) science(s) vont donner une part tronquée de la réalité, en effet, elles sont spécifiques d’un domaine, donc d’une réalité. Le théâtre peut amener, lui, une vision plus globale de la réalité, qui sera, certes, plus approximative, mais plus générale. Une bonne façon pour mettre en lumière des liens entre différents domaines scientifiques, mais aussi pour prendre du recul sur ses recherches. Le théâtre va alors être utilisé comme une « interface » entre les publics, la société et les scientifiques. Il va permettre de transmettre un nouveau monde et d’autres formes de langage.

La théâtralisation des sciences est aussi une bonne manière de faire sortir les sciences des laboratoires. Elle va « montrer » littéralement les sciences, la vie des chercheurs, les manipulations ou les recherches. Ainsi, pour Aristote, « le théâtre est l’imitation de l’action humaine ». Montrer l’humanité dans les sciences et les découvertes est donc bien l’un des but fondamentaux de la théâtralisation des sciences aujourd’hui.

Sciences, communication scientifique

© Public Domain Picture.

 

Impliquer les publics

Ce support aide aussi à faire réfléchir les publics. Il va permettre de créer des débats de société, de créer du lien avec les « faux scientifiques » sur scène. Le public va les interroger et les questionner. Qui fait les sciences aujourd’hui ? Pourquoi ? Pour quoi, qui ? Comment ? Il peut aussi y avoir une confrontation avec la vie quotidienne. Le théâtre peut aider à ancrer les connaissances scientifiques dans quelque chose de concret pour les publics : leur vécu ou leur quotidien par exemple. Les spectateurs ne sont pas passifs, comme lorsqu’ils voient une vidéo ou lisent un texte, le théâtre peut les mettre dans une position active. En fonction de la mise en scène choisie, il peut prendre les spectateurs à parti. Parfois, certaines pièces vont même leur demander d’agir directement.

 

Conquérir de nouveaux publics

Avec ce dispositif, il est possible d’intéresser un nouveau public aux sciences. Par exemple Norbert Aboudarham a constaté que le théâtre scientifique, grâce à sa forme humoristique et à son contenu scientifique, attire des publics très divers. Il y a toujours le public « familial », mais celui-ci n’est finalement pas si inhabituel puisqu’on le retrouve aussi dans les musées ou centres de sciences. Non, le côté original, c’est le public dit « populaire » qui, souvent, se sent exclus, mis de côté ou mal à l’aise dans les espaces institutionnels. Le théâtre avec son côté spectacle, humour et décalage serait-il alors une invitation pour ces publics ? Un moyen pour eux de se sentir impliqués, concernés ? L’humour permettait-il de rendre les sciences plus accessibles ?

 

Les limites de la représentation des sciences au théâtre

Bien que ce dispositif de communication scientifique montre de nombreux avantages, il présente aussi quelques limites.

 

Divertir ou transmettre, il faut choisir ?

Tout d’abord, il faut trouver le compromis entre le plaisir, le divertissement du public et la justesse des notions à transmettre. À mon sens, il sera difficile (mais peut-être pas impossible, quelqu’un pour relever le défi ?) de réaliser une pièce sur une notion très complexe comme la méthylation de l’ADN ou les ondes gravitationnelles, sans être approximatif. Autrement, cela devient un cours ou une conférence. Il faut donc trouver un juste milieu et accepter, comme très souvent en communication scientifique, que l’on ne pourra pas TOUT transmettre. Là-encore, le but recherché, d’après moi, est surtout l’émerveillement. Grâce à cela, on suscite l’intérêt, la curiosité et l’envie de fouiller le sujet par soi-même.

Ensuite, on ne s’improvise pas « metteur en scène scientifique » du jour au lendemain. Certains sont certainement très doués, malgré tout, l’écriture d’une pièce de théâtre obéit à des codes dramaturgiques qu’il est important de prendre en compte et de respecter. Donc, en plus des recherches scientifiques, il faudra aussi s’ajouter des recherches dramaturgiques. La théâtralisation est un processus long, parfois coûteux, qui, comme toute entreprise que l’on veut faire sérieusement demande à ce que l’on s’entoure des bonnes personnes.

 

Peut-on représenter les sciences sans faire appel aux clichés ?

Sciences, communication scientifique

© Pixabay.

D’autres questions me taraudent concernant l’utilisation de la théâtralisation. J’ai parfois l’impression que l’on fait beaucoup appel aux clichés. Est-il possible de représenter les sciences sans faire appel aux préjugés des publics ? Pour certains, “le théâtre qui convoque la science, doit se singulariser par la présence d’un objet particulier”. En effet, la représentation de la science ne peut guère se passer d’objets fétichisés qui suggèrent l’activité de recherche. Cela veut-il dire que les sciences doivent toujours être montrées de façon concrète ? Et, finalement, à trop vouloir faire appel aux représentations des publics, ne risque-t-on pas de tomber dans la caricature ? De les conforter dans leurs préjugés ? Ce qui pourrait finalement conduire à une mauvaise interprétation du message. Pour remédier à cela, ne faudrait-il pas toujours prévoir un espace d’échanges ? De débats à la suite des représentations ?

 

Conclusion (Ce qu’il faut retenir)

La théâtralisation des sciences n’est pas un dispositif particulièrement récent en communication scientifique. Au contraire, il est connu et utilisé depuis le 19ème siècle. Cependant, à cette époque, il avait surtout pour but d’enseigner, de transmettre un savoir, plus à la manière d’une leçon. Cette volonté « d’enseigner » est peut-être une des raisons pour lesquelles il n’a pas rencontré un franc succès à l’époque. Le support purement dramaturgique n’était peut-être pas adapté ou le public pas encore assez réceptif.

Au contraire, aujourd’hui, la théâtralisation des sciences se démocratisent de plus en plus. Et, même s’il y a toujours la recherche de transmissions de savoirs, il me semble qu’elle cherche surtout à interroger les publics. Le dispositif va plutôt questionner, susciter les débats et replacer les spectateurs au cœur des sciences. Ce qui est dans l’air du temps…

Pour autant, la théâtralisation des sciences reste un support de communication scientifique. Comme les autres, elle présente des avantages et des inconvénients. Comme pour les autres, il faut toujours s’adapter à son public, donc bien le connaître afin de pouvoir le toucher et l’amener à se questionner. Et, si on veut être plus dans la « médiation », donc dans l’échange, il ne faut pas oublier de lui laisser de la place pour s’exprimer !

Le théâtre peut-il donc être un bon support pour diffuser les sciences ? Je pense que je vais laisser les différents (très bons) exemples existants vous indiquer la réponse…

Pour finir, je laisse la parole à Bertolt Brecht. Peut-on séparer « art » et « sciences » ? “Les gens qui ne comprennent rien à l’art ni à la science croient que ce sont là deux choses immensément différentes, dont ils ignorent tout. Ils s’imaginent rendre un service à la science en lui permettant d’être sans imagination et faire progresser l’art en empêchant quiconque d’en attendre de l’intelligence.”

Sciences, communication scientifique

© Science Comedy Show.

 

Que pensez-vous de l’utilisation du théâtre pour transmettre les sciences ? Est-ce un bon support de médiation scientifique ?

 

Sources :

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10 commentaires

  1. Maxime Lozach a dit :

    Bonjour bonjour !

    Déjà, merci beaucoup pour l’article, et pour toute les pistes déjà existantes présentées ici. C’est vraiment intéressant, mais assez peu visible je crois!

    Il y a beaucoup à dire, et encore plus à discuter sur ce genre de sujet :). Je vais essayer de m’organiser un peu dans ce commentaire ;).

    Déjà, je vais réagir un peu à l’article, en commençant par un point sur lequel je suis en désaccord, et qui me semble fondamentale :
    « Il me semble juste […] de dire que le théâtre et les sciences ont un même objectif : “donner une représentation du monde”. Pourtant, les […] sciences vont donner une part tronquée de la réalité, en effet, elles sont spécifiques d’un domaine, donc d’une réalité. Le théâtre peut amener, lui, une vision plus globale de la réalité, qui sera, certes, plus approximative, mais plus générale. »
    Alors, je suis d’accord que le théâtre est plus gobal dans sa vision qu’une science donnée, qui ne s’attache qu’à un domaine. Mais, là où une science se donne pour objectif intrinsèque d’analyser une réalitée (et encore, on parle que d’un domaine des sciences), c’est déjà un fort parti pris que d’estimer que le théâtre s’approche du réel.
    C’est même une question très difficile qui anime des débats depuis des siècles donc je n’espère pas la régler ici, mais pour faire cours : une pièce de théâtre, qu’elle soit écrite ou improvisée est une affaire de choix. Choix de personnage, de mise en scène, de scénario, mais surtout de vision, de point de vue. Je pense qu’on ne peut pas prétendre être objectif avec une pièce de théâtre. Et à partir du moment où on fait des choix (qui amène donc à un renoncement de quelque chose de différent), c’est subjectif (en général).
    Et c’est un point qui se ressent dans l’article : que proposer au public ? Comment l’attirer, ne pas l’ennuyer, comment l’instruire ? Si je suis trop pointu, ou trop didactique ça devient un exposé. Si je romance trop, suis-je toujours proche de la réalité ?
    C’est quelque chose d’intrinsèque au théâtre et qui est dangereux si on en tient pas compte je pense, car comment le spectateur peut-il faire la différence entre le fait scientifique et le récit de l’auteur ?

    Bon, une fois ceci dit, je pense que oui : le théâtre est un très bon moyen pour vulgariser ou expliciter les sciences. Comme tout les vecteurs culturelles (cinéma, BD, livre, TV, radio…. danse ou sculpture ? Je suis plus sceptique). Tout simplement parce que c’est un média où on capte un message (la danse aussi, mais très symbolique, et surtout émotionnel).
    La difficulté majeur étant : le temps. La plupart des contraintes ou difficulté mise en exergue dans l’article sont pour moi liées à cet aspect : une pièce, c’est court. Entre 1h et 2h (parfois plus, mais ça devient rare, et pour un public qui s’accroche). Et parce que c’est court, il faut aller vite. L’utilisation d’icone ou de cliché est indispensable pour moi. Cela peut les renforcer dans l’esprit du public, ce qui peut être dommage (comme la blouse blanche ou le béchère..). Mais tellement pratique. On évite une phase d’exposition d’un personnage grâce à un simple accessoire. Et on peut en faire quelque chose d’intelligent cela dit (le béchère peut être casser, ranger, ignorer dans un domaine où il ne sert pas, et remplacer par d’autres objets. Le message est là).
    Ce temps très limité impact aussi le contenu qu’on peut transmettre. Quand on vulgarise des domaines complexes, impossible d’aller loin parce qu’il faut poser les bases. Ou alors exposer à un public déjà formé (mais on perd un peu l’aspect « populaire »). Quand on veut présenter la vie d’un homme de science, il faut résumer, et vite. Entraînant des facilités scénaristiques qui sont dommageable. Beaucoup trop de personnes encore pense que les grands scientifiques sont des génies qui ont eut une révélation, alors qu’en fait, très souvent, c’est des recherches sur des années, en concurrence ou collaboration avec d’autres personnes, profitant d’avancé d’autre domaine…

    Je suis assez d’accord que le plus efficace sur ce média, ce soit surtout de donner l’envie d’apprendre au public. On ne peut pas faire une éducation en 2h, donc les spectateurs doivent en faire une partie par eux-mêmes.

    Mais là est un autre risque pour moi aujourd’hui. Mais c’est plus personnel : Peut-on s’assurer que ce spectateur arrive à faire une distinction entre un bon produit de vulgarisation et un mauvais ?
    Parce que donner envie à quelqu’un d’en apprendre plus sur le corps humain c’est formidable. Qu’il se tourne ensuite vers la médecine chinoise pour tout savoir sur les méridiens, je trouve cela… dommage.

    1. Kleine_Morgane a dit :

      Merci beaucoup pour ce (très) long commentaire, très riche et très pertinent !

      Effectivement je comprends bien le point de débat principal exposé : quelle vérité/réalité est montrée et comment la montrer ? C’est vrai que les sciences sont normalement objectives, normalement parce que je reste convaincue que les interprétations et conclusions restent souvent biaisées par les scientifiques humains…

      Après, avec une pièce de théâtre, on a la possibilité de montrer plus de choses, plus de domaines, de poser plus de questions. C’est en cela où je me dis que la vision du théâtre est plus globale. Mais je suis d’accord, il y aura toujours un point de vu puisque c’est un être humain derrière.

      Et, je vois qu’on se rejoint sur l’utilisation de ce dispositif : c’est d’abord un dispositif pour questionner, créer des émotions, et éveiller la curiosité ! Impossible de transmettre des messages complexes et donc effectivement comment savoir ce que les publics gardent de la pièce et ressortent avec des connaissances ? Je pense que le débat est l’outil indispensables !

      1. Maxime Lozach a dit :

        Sur le fait que les résultats scientifiques soient un peu biaisés, je pense pouvoir être d’accord. Il est vrai que rien que le choix d’une étude par rapport à une autre amène à certaines conclusions qui peuvent varier. Mais dans l’absolu, ça reste bien la méthode permettant le plus d’objectivité.

        Je suis également d’accord que le théâtre est plus global, je crois que personne ne peut dire le contraire.
        Par contre, je trouve limitatif l’idée de devoir associer un débat à ce type de média. Parce qu’il pose des contraintes relativement fortes :
        – Pour débattre, il faut avoir dans l’équipe un vulgarisateur prêt à cet exercice difficile.
        – Il faut prévoir du temps, ce qui peut amener à perdre une parti du public (parce que durée total trop longue) ou à raccourcir la pièce. Donc moins d’informations.
        – Le public doit savoir avant qu’il y a un débat, mais ça retire un peu le bénéfice de la pièce je trouve. Si on sait qu’il y a un débat, alors la pièce c’est le divertissement. La partie sérieuse, ce sera après. Et donc : soit on diminue l’impact d’émerveillement de la pièce, soit son utilité même.

        Je trouve ce type d’approche très pertinente dans le cadre de fait de société, de questionnement de la part du public, comme le propose les théâtre forum: « qu’avez-vous pensez de l’action de ce personnage ? Comment auriez-vous réagis ? Vous seriez-vous laisser faire ? »
        ça peut être adapté dans une approche de débat politique sur l’utilisation de la science (utilisation éthique d’une technologie, dérive des rapports humains..), mais pas vraiment dans la transmission de l’information.
        D’ailleurs, un « débat », c’est quand différentes positions sont à discuter. Quand on veut vulgariser un domaine, il y a peu de place à la discussion au final (ou seulement dans un but didactique).

        D’ailleurs, l’un des derniers spectacles que j’ai pu voir avec un aspect « vulgarisation », c’est « l’Exoconférence » de A.Astier. On y retrouve pas mal de chose décrite dans l’article : volonté d’éveiller la curiosité, de présenter des choses du domaines scientifiques, de (se) poser des questions. L’auteur arrive à présenter la sonde Pionner 1 et le paradoxe de Fermi, à critiquer les approches trop « Ufologiste » du crash de Roswell et des Crop Circles, sans qu’on soit vraiment perdu. Et pas de débat ou de discussion à la fin. On sent seulement la volonté de présenter des éléments scientifiques, avec la volonté de dire « vous voyez, c’est chouette ! ça fait rêver ! ». Mais je ne sais pas ce que le public retiens au final de tout ça.
        Mais c’est un spectacle où le débat n’aurait pas eu sa place je pense.

        De mon côté, je pense qu’il faut pouvoir être au maximum transmédia. Pouvoir, à partir de la pièce, amener à des livres, des vidéos, des sites internet, qui ont d’autre atouts. Mais là, la question est « comment amener le public de notre média Théâtre à notre média… livre ? ».
        Je continue à y réfléchir, mais pour le moment, le théâtre reste une belle porte d’entrée aux sciences, mais un vecteur faible d’information scientifique.

        1. Kleine_Morgane a dit :

          Merci encore pour ce commentaire très enrichissant 🙂 !

          C’est une chose que je reproche effectivement à la « vulgarisation scientifique », c’est qu’on est dans quelque chose d’unilatéral où il n’y a pas de réels échanges entre les intervenants (scientifiques/publics).
          Du coup, effectivement, le débat ne sera pas vraiment approprié.
          Pour autant, si on utilise plutôt le théâtre pour faire de la « médiation scientifique », alors dans ce cas-là, le débat peut y trouver sa place parce qu’on va chercher à susciter des échanges et des réactions.

          Mais il est vrai que cela demande de l’organisation, de l’encadrement et c’est donc peut-être plus lourd à mettre en oeuvre. Donc, c’est vrai que la proposition du théâtre forum me paraît une très belle idée à creuser !

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