Folle Histoire des Virus, Virus, Tania Louis, Vulgarisation Scientifique

Tania Louis et une belle histoire de vulgarisation scientifique

Quand Tania Louis nous parle de la naissance de La Folle Histoire des Virus

 

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Tombée dans la marmite de la communication scientifique

Une volonté de désacraliser les sciences

Pour Tania Louis, la communication scientifique est très importante car elle permet de désacraliser les sciences. Communiquer sur un contenu scientifique précis n’est pas le plus prioritaire. Il faut surtout montrer que les sciences ne sont pas un bloc de disciplines élitistes et inaccessibles.

Les sciences sont partout dans notre quotidien. Elles sont au cœur des sujets de société actuels (nous avons pu nous en rendre compte pendant cette période de crise sanitaire), mais également de ceux des années à venir. La crise sanitaire n’est pas le seul défi auquel la société doit faire face. Il y a aussi le dérèglement climatique, la question de comment nourrir et fournir de l’énergie à l’ensemble de l’humanité… Tous ces problèmes sont, en réalité, des questions de sciences.

La communication scientifique doit donc réconcilier les sciences et la société. Elle doit permettre de casser les barrières entre les publics et les scientifiques. Elle doit aussi montrer que les sciences ne sont pas juste un outil de « sélection scolaire ».

 

De l’animation d’ateliers…

Avant de tomber dans la marmite de la communication scientifique, Tania Louis était très orientée « Recherche ». Elle a un parcours académique, avec un master et une thèse en virologie. L’enseignement a été la première étape de sa découverte de la transmission de connaissances, puis sont venus les ateliers de partages scientifiques avec les publics, notamment via la Fête de la Science essentiellement.

Dans la communication scientifique, et en particulier dans la médiation, Tania Louis a pu retrouver ce qui lui plaisait tant dans l’enseignement. Pourtant, plutôt que de devenir maîtresse de conférence, notre auteure a préféré se lancer à temps plein dans la médiation scientifique. Elle a ainsi obtenu son premier poste au sein de l’association du Groupe TRACES, en menant notamment des actions et des animations à l’espace des sciences Pierre-Gilles de Gennes. Une magnifique première expérience pour débuter. Elle lui a permis de faire la connaissance d’une équipe formidable. Ce qui lui a permis de découvrir le métier de médiatrice et de travailler sur plusieurs projets en parallèle (animation du musée, activités avec les scolaires...).

Depuis janvier 2020, Tania s’est finalement lancée à son compte et a décidé de vivre de sa micro-entreprise, créée en 2016. En tant qu’indépendante, Tania propose plusieurs services. Elle pourra vous aider sur de la conception et de la relecture de contenus pédagogiques, ainsi que des formations à destination des jeunes chercheur.e.s ou encore des formations pour utiliser efficacement Internet comme source d’outils pédagogiques. Elle a déjà plusieurs partenariats à son actif, dont un avec La Main À La Pâte pour la création de ressources à destination des enseignants sur la chaîne Billes de science. Tania travaille également beaucoup sur le développement de dispositifs innovants et originaux pour la médiation scientifique (théâtre, escape game) et accompagne des chercheur.e.s souhaitant lancer leurs propres projets de vulgarisation (comme la série de vidéos VirEvo). Enfin, elle continue à produire ses propres contenus pédagogiques, notamment sur sa chaîne YouTube.

 

… À la rédaction d’un livre de vulgarisation scientifique

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© Pixabay.

Parmi les dispositifs de médiation (ou plutôt de vulgarisation) scientifique qui existent, Tania Louis en a récemment expérimenter un nouveau : le livre. Je vous ai présenté plusieurs livres de vulgarisation scientifique et, bien sûr, le sien : La Folle Histoire des Virus. Pourquoi a-t-elle voulu se lancer dans cette aventure ?

Si elle a choisi le format livre, c’est d’abord parce qu’elle aime beaucoup écrire (elle doit d’ailleurs faire partie de ces rares extraterrestres qui ont réellement apprécié la rédaction de leur thèse). Tania Louis lit beaucoup et a un rapport particulier avec l’objet livre. Elle a toujours eu l’envie d’écrire un livre de vulgarisation scientifique, mais elle ne pensait pas pouvoir réaliser ce projet avant ses 35 – 40 ans, et pourtant…

Un heureux concours de circonstances s’est traduit par une prise de contact. Son éditrice, chez humenScience, a ainsi contacté notre future auteure pour savoir si elle souhaitait rédiger un livre autour de la biologie. Après quelques discussions et échanges, l’idée d’un ouvrage qui traiterait des virus en tant que tels, à travers le prisme de l’histoire des sciences, est née.

 

La Folle Histoire des Virus, la belle aventure de Tania Louis

Les coulisses de la rédaction

Finalement, l’écriture de La Folle Histoire des Virus a été très rapide. Tania a commencé fin décembre 2019 et a rendu le manuscrit au printemps 2020.

En tant que bonne chercheuse, Tania a adopté une véritable méthode de travail. Elle a tout d’abord attendu de ne plus être salariée pour se lancer dans cette aventure, puis a organisé son écriture comme un véritable métier. Ainsi, notre auteure s’est organisée de longues plages horaires dans l’après-midi. Ces dernières ont, dans un premier temps, été bien occupées par de la bibliographie, voire même de la « spéléologie », pour récupérer certains vieux documents.

Le confinement a été pour Tania une période particulière. En effet, elle passait la moitié de ses journées à faire de la bibliographie sur un virus qui a fini par provoquer une pandémie et l’autre moitié de la journée à faire de la bibliographie pour un livre parlant de virus, mais pas de maladies. Le Chapitre 2 est celui qui a demandé le plus de travail de réécriture. En particulier pendant la relecture, parce que la première version avait été écrite en ayant un peu trop le « nez dans le guidon ».

La Folle Histoire des Virus reste donc très lié à la crise sanitaire, en particulier par sa période d’écriture. Pendant cette période, Tania Louis ne faisait finalement plus que de la virologie. Une très bonne manière pour elle de renouer avec sa discipline, qu’elle avait un peu délaissée en tant que médiatrice, la virologie ne se prêtant pas forcément aux ateliers pédagogiques.

Finalement, l’ouvrage a été publié le 14 octobre 2020. À ce moment-là, beaucoup de personnes se posaient des questions sur les virus. Il était donc facile pour les journalistes de venir interroger Tania, sur son livre, ses connaissances. Une véritable aide, côté média. En revanche, côté public, le contexte sanitaire a-t-il été un avantage ou un inconvénient ? Pour le moment, notre auteure n’a pas de réponses à cette question. Elle n’a en effet pas pu rencontrer ses publics, tous les événements face public ayant été annulés en raison des contraintes sanitaires. Les personnes en ont-elles marre des virus ? Ou au contraire apprécient-elles d’avoir des réponses ? Mystère !

 

Le travail d’écriture, d’abord une vraie passion pour Tania Louis

L’aventure de la rédaction de La Folle Histoire des Virus a confirmé à Tania Louis qu’elle adorait écrire. Pour autant, ce qui lui manque c’est de pouvoir en discuter avec les lecteurs et les lectrices.

Le travail d’écriture est vraiment quelque chose d’appréciable, mais c’est un travail très solitaire. Or, ce qui plaît le plus à Tania Louis, c’est la médiation scientifique. Cette médiation implique du contact avec les publics, ce qui n’est clairement pas le cas de l’écriture. Pour autant, ce projet était vraiment très intéressant pour Tania, notamment pour l’aspect histoire des sciences, à son avis trop peu développé même dans les cursus universitaires. Elle a ainsi appris énormément de choses sur « sa » discipline, celle dans laquelle elle avait fait une thèse. Elle a découvert de nombreux scientifiques, et notamment des femmes. Notre auteure a également beaucoup apprécié remonter de fil en aiguilles les vieilles publications, afin de comprendre comment s’était construite la notion de virus.

 

Quelques conseils en écriture

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© Pixabay.

Auteur.e.s en herbe, si vous voulez vous lancer, je vous conseille de lire attentivement les lignes qui suivent. Tania Louis vous livre quelques conseils. Tout d’abord, sachez que pour l’écriture d’un ouvrage, il faut se prévoir du temps. Il est important de vous mettre dans un contexte où vous pouvez être efficace. Il faut donc bien vous connaître !

Tania n’est pas du matin et a besoin de longues plages horaires ininterrompues pour bien avancer. Elle s’est organisée pour réserver ses après-midis à l’écriture. Cet exercice demande une certaine méthode de travail et surtout une vraie rigueur pour être sûr.e de ce que vous racontez. L’astuce ? Comme pour tout travail de vulgarisation, pensez à bien croiser vos sources ! Et, le plus systématiquement possible, remontez jusqu’aux sources primaires plutôt que de faire confiance à des sources secondaires que vous n’auriez pas vérifiées. Dans le doute, faites-vous relire par des spécialistes des domaines que vous n’êtes pas certain.e de maîtriser vous-même.

Enfin, en termes d’organisation, notez quotidiennement vos horaires dans un tableur, type Excel. Ceci peut vous aider à suivre votre travail. Vous pouvez constater que, malgré les travaux de bibliographie parfois très fastidieux, vous avancez ! Tania a ainsi comptabilisé 197 heures d’écriture (auxquelles s’ajoutent 115h de bibliographie et quelques autres tâches, pour au total, 320h de travail sur le livre, dont 85h juste pour la relecture).

Dans tous les cas, il faut que l’écriture reste un plaisir. Il ne faut donc pas oublier d’en profiter ! Les échanges avec votre éditeur sont aussi très importants, choisissez-le bien ! Pour Tania, ces échanges ont été très bénéfiques et lui ont permis de rendre son écriture plus claire et concise.

Mais, finalement, le plus important est de réussir à trouver un sujet qui motive suffisamment pour que le travail sur le livre vous enthousiasme, car une telle aventure prend beaucoup de temps. C’est un projet qu’on ne fait pas pour l’argent, mais parce qu’on a envie de le faire.

 

Le prochain challenge de la communication scientifique pour Tania Louis : (re)construire les rapports sciences-société

La crise sanitaire que nous traversons a fait à la fois beaucoup de mal et beaucoup de bien à la réputation des sciences. En tout cas, elle a mis en exergue qu’il était important de reconstruire les rapports sciences-société.

Cette crise a mis les sciences au premier plan. Elles sont devenues le centre des médias et des « experts » ont été mis en avant. Cette soudaine et intense visibilité ne s’est pas forcément faite de la meilleure façon possible. Ainsi, des experts très compétents en sciences se retrouvent sur les plateaux télé, avec des connaissances solides, mais pas forcément de compétences pour les communiquer efficacement. Au contraire, de très bon communicants (j’enlève volontairement le « e ») se retrouvent dans les médias, sans avoir de compétences dans les domaines scientifiques dont ils parlent.

Ces constats montrent qu’il est vraiment nécessaire d’interroger la notion « d’expert ». Elle ne veut, finalement, rien dire, si on ne la précise pas.

 

Une démocratisation du livre de vulgarisation scientifique ?

Il semble qu’il y ait de plus en plus de livres de vulgarisation scientifique écrits par des communicant.e.s. Jusqu’à présent, il y a toujours eu des chercheurs qui ont rédigé des livres plus ou moins vulgarisés. Et maintenant, la vulgarisation semble prendre de plus en plus de place. En particuliers à travers de nouveaux supports, comme les vidéos. Les blogs, eux, existent depuis une vingtaine d’années déjà.

Ce développement des vidéos de vulgarisation scientifique s’accompagne-t-il d’une starification des communicant.e.s ? Ceci pourrait expliquer qu’il y a de plus en plus de livres de vulgarisation scientifique. Si les auteurs sont connus, il y a plus de chance que le livre se vende. Il y aura donc moins de risques pour les éditeurs à lancer ce type de projet.

 

Aura-t-on un petit frère à La Folle Histoire des Virus ?

En tant qu’indépendante, c’est un peu compliqué pour Tania de se projeter dans le futur. En effet, les structures avec lesquelles elle travaille ne se portent pas forcément très bien financièrement. C’est donc compliqué pour elles de solliciter des prestataires pour le moment.

Il y a quand même quelques beaux projets en cours, mais il est encore trop tôt pour en parler publiquement ! Dans tous les cas, elle a une vraie volonté de développer la formation des scientifiques à la communication scientifique. Un vrai filon est peut-être naissant avec cette crise sanitaire ? Les professionnel.le.s de la culture scientifique seront-ils enfin plus sollicité.e.s ?

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© Tania Louis.

 

Est-ce que, comme Tania Louis, vous souhaitez vous lancer dans l’aventure de la rédaction ?

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2 commentaires

  1. nice topic thanks for this

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