Emmanuel Pernoud, Le Monde de Jamy, C'est pas Sorcier, Communication scientifique

Emmanuel Pernoud et la communication scientifique à la télé

Emmanuel Pernoud nous plonge dans les coulisses des documentaires scientifiques

 

Emmanuel Pernoud, Le Monde de Jamy, C'est pas Sorcier, Communication scientifique

© Emmanuel Pernoud.

Vous le connaissez peut-être, on le voit souvent dans les génériques des émissions C’est Pas Sorcier et Le Monde de Jamy sur France 3. Emmanuel Pernoud est, en effet, l’un des auteurs-réalisateurs. Aujourd’hui, il nous fait la joie de parler de son métier et de son intérêt pour les sciences.

Je ne sais pas pour vous, mais c’est vrai que, de mon côté, je regarde finalement peu de documentaires ou émissions de sciences à la télévision. Par contre, je ne rate jamais aucun Le Monde de Jamy et j’apprécie toujours retomber sur un épisode de C’est Pas Sorcier. Une sorte de madeleine de Proust en quelque sorte.

Une fois n’est pas coutume, je vais donc laisser de côté les livres et vous proposer de m’accompagner dans les coulisses des sciences à la télé. Je vais tâcher de vous rapporter l’échange très riche que j’ai pu avoir avec Emmanuel, un curieux de sciences passionné par son métier !

La communication scientifique à la télévision, un dispositif qui fonctionne ?

 

Emmanuel Pernoud, curieux de sciences

Emmanuel a fait son entrée dans le monde des science dès sa scolarité. En effet, il a suivi des études scientifiques, avec, à l’époque, un Bac C (matières principales mathématiques et physique-chimie), puis une classe prépa’ et, finalement, une école de maths financières. Ce cursus permet d’étudier les risque financiers. Son stage de fin  d’étude, à la Défense, lui a finalement fait comprendre que ce monde ne lui correspondait pas. Ce n’était pas en phase avec ses valeurs.

Au cours de ses études, Emmanuel Pernoud a également découvert l’une des toutes premières licences – maîtrises de communication scientifique à Jussieu. Il était déjà très intéressé par la vidéo et a donc décidé de suivre ce parcours, en parallèle de son école.

Après son stage en maths financières, il aura l’opportunité d’intégrer les équipes de C’est Pas Sorcier, d’abord en tant que pigiste, puis en tant que chef d’édition. Pour celles et ceux, qui comme moi se demandent de quoi il s’agit, c’est la personne qui coordonne les équipes techniques et rédactionnelles et vérifie que les sujets sont bien disponibles en temps en heure et conformes aux choix éditoriaux. Chez C’est Pas Sorcier, il s’agissait notamment de la gestion des maquettes. Il fallait les travailler afin de s’assurer qu’elles étaient compréhensibles et que les explications étaient bien claires.

Dans tous les cas, peu importe ses missions, Emmanuel Pernoud apprécie de s’investir dans la transmission des savoirs. Il en retire énormément de plaisir et il apprend beaucoup. En effet, avant de transmettre, il faut d’abord comprendre ! Emmanuel a donc pu se (re)plonger dans la biologie, la physique… Ce qui aide, c’est sa curiosité !

 

Quand Emmanuel Pernoud participe à la transmission de savoirs à la télévision

Des débuts avec C’est Pas Sorcier

Emmanuel Pernoud, Le Monde de Jamy, C'est pas Sorcier, Communication scientifique

© Emmanuel Pernoud.

Comme nous l’avons découvert juste avant, Emmanuel a commencé la communication scientifique à la télé avec C’est Pas Sorcier. Il y a travaillé 13 ans, ce qui a conduit à la mise en place d’une petite routine assez agréable. L’organisation de l’émission demande la création de 3 épisodes par mois. Il faut donc réaliser des enquêtes sur 3 sujets différents en même temps. Chaque mois, l’équipe tournait 3 jours les séquences dans le camion, chaque journée étant dédiée à une émission.

Parmi les choses à créer pour chacun des épisodes, il y avait bien sûr les maquettes. Il fallait en créer une dizaine par émission, après avoir vérifié avec les journalistes que les informations récoltées étaient bien valides. Il fallait ensuite organiser leur tournage avec les moments de plateau de Jamy, Fred et Sabine. Les maquettes étaient directement montées et tournées, puis synchronisées avec les textes de Jamy.

Il y avait des moments parfois très intenses quand il fallait créer les scénarii. Cela demandait beaucoup de temps et de réunions, car, spoil ! Tout est écrit à l’avance. Emmanuel Pernoud travaillait ainsi sur les schémas pour les maquettistes et sur les storyboards pour la phase des tournages.

Donc beaucoup de travail, mais, à la fin du tournage, voir tout l’épisode qui prenait forme était très satisfaisant. De plus, Emmanuel ressortait aussi enrichi de nouvelles connaissances sur le sujet traité. Des missions donc passionnantes et variées qui ne laissaient clairement pas le temps à l’ennui !

 

Une continuité avec Le Monde de Jamy

Emmanuel a toujours suivi Jamy à la télé. Il est donc, bien entendu, présent pour la création et la réalisation de certains épisodes de l’émission de France 3, Le Monde de Jamy. Petit aparté : je suis totalement fan de cette émission, donc si vous ne la connaissez pas, go la découvrir !

Le travail pour ce documentaire est différent de celui de C’est Pas Sorcier. Ici, il est beaucoup plus personnel et ne concerne qu’un.e ou deux auteur.e.s. Pour la création d’un épisode, Emmanuel choisit le sujet et va ensuite réaliser les enquêtes pour obtenir le contenu nécessaire. On parle d’un travail personnel, car cette récolte et la façon dont l’histoire sera racontée va dépendre de l’auteur.e concerné.e. Il n’y a pas d’équipe de rédaction, c’est pour cela qu’il faut parfois 6 mois pour créer un documentaire. Ce travail est donc, certes plus solitaire, mais il y a toujours beaucoup d’échanges avec le producteur éditorial et Jamy, notamment pour la recherche d’informations, d’experts…

Les exigences pour Le Monde de Jamy sont aussi différentes de celles de C’est Pas Sorcier puisqu’il s’agit d’une émission « Prime Time » (21h sur France 3). Les épisodes doivent donc rester spectaculaires et novateurs. Il faut s’assurer de la spontanéité des intervenants, mettre en place des expériences (parfois, elles sont récupérées auprès d’experts) et les reconstituer à la télé. Ce qui importe le plus c’est d’avoir un impact visuel fort !

Le montage demande du temps, puisqu’il faut 60 jours environ. Les équipes réfléchissent aux plans et prises à choisir, à la reconstruction des discours… Il faut sélectionner les propos généraux, qui seront au premier plan et ceux qui resteront en commentaires. Le but est vraiment d’obtenir un film de quasiment 2h avec du rythme et des visuels.

 

La vulgarisation scientifique à la télé, un vrai challenge pour Emmanuel Pernoud

Un média avec beaucoup de défis

Actuellement, il y a peu de culture scientifique dans le monde de la télé. C’est en effet un sujet qui fait plutôt « peur » aux diffuseurs. Peur, par rapport à la réaction des publics. Les émissions dédiées sont donc plutôt diffusées en journée et tous les sujets ne sont pas éligibles.

Pour ce qui est de Le Monde de Jamy, c’est, avant tout, un programme de connaissances. Cependant, il doit respecter les codes du « Prime ». C’est donc parfois compliqué de mettre des « sciences pures » dans un épisode, notamment le travail des scientifiques. Le « Prime » demande plutôt du spectaculaire, car on s’adresse à un public très diversifié, pas toujours fan de science, pas toujours convaincu. Et, malgré tout, il faut réussir à capter le plus de personnes possibles, sans être trop anxiogène.

De plus, ce n’est pas évident de savoir si cela a fonctionné, puisque la télé n’a pas de contacts directs avec ses publics. Cependant, les feedbacks des réseaux sociaux sont globalement bon et encourageants ! De même, ceux des scientifiques et intervenants qui reconnaissent la qualité du programme, des images et du discours. Et là, il s’agit vraiment de retours qui importent !

Donc, certes, la télé est un média compliqué, mais elle offre de vrais défis, excitants à relever pour Emmanuel Pernoud.

Emmanuel Pernoud, Le Monde de Jamy, C'est pas Sorcier, Communication scientifique

© Emmanuel Pernoud.

 

Un métier passionnant et enrichissant

Ce qui plaît beaucoup à Emmanuel dans ses différentes missions, c’est la créativité dont il peut faire preuve. Il imagine de nouvelles façons de mettre en images les sciences et tente, à chaque fois, de relever le défi et de rendre l’émission unique, de faire en sorte qu’elle plaise.

Travailler avec Jamy, avec les équipes de C’est Pas Sorcier et Le Monde de Jamy permet d’acquérir une solide culture scientifique. C’est également très gratifiant pour Emmanuel lorsque les sujets qu’ils proposent sont acceptés par les décideurs.

De plus, il s’est spécialisé sur le climat. Emmanuel se sent donc utile lorsqu’il alerte et pousse les téléspectateurs à faire bouger les choses.

 

Une communication scientifique qui a de l’avenir

Certes, la télévision n’est pas le média le plus facile pour communiquer les sciences. Pour autant, Emmanuel Pernoud constate quelques changements encourageants. Tout d’abord, la société en demande de plus en plus. Ce qui semble commencer à être pris en compte (par petites touches, mais quand même). Par exemple, sur France 2, les bulletins météo sont de plus en plus accompagnés d’infographies qui vont expliquer les phénomènes, les variations… C’est également le cas avec certains journaux télévisés.

Les sciences entrent un peu plus à la télé, mais pas forcément de manière ouverte. Il n’y a pas encore assez de grands rendez-vous de sciences réguliers, mais il ne faut pas se décourager ! En effet, la communication scientifique reste très importante.

Les publics ont besoin de comprendre les enjeux scientifiques du monde. Certains organismes s’y emploient aujourd’hui, avec le CNRS et son Zeste de Science, la Cité des Sciences et son Blob, le CEA et son Esprit Soricer

Il y a besoin d’une communication scientifique et technique, qu’elle soit publique ou privée !

 

Que pensez-vous des sciences à la télé ? Quelle est votre émission préférée ?

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1 commentaire

  1. […] plusieurs métiers différents de la communication scientifique (médiation, vulgarisation). Des acteurs et actrices qui travaillent dans des environnements différents : médias, associations, entreprises […]

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