Célia Esnoult, CNRS, IRD, Communication scientifique

Célia Esnoult : le partage des Sciences Publiques

Dans les coulisses de la communication scientifique des Instituts de Recherche avec Célia Esnoult

Une discussion passionnante avec Célia Esnoult.

Célia Esnoult, CNRS, IRD, Communication scientifique

© Célia Esnoult.

Je continue mon tour d’horizon des actrices et acteurs de la communication scientifique. Nous avons déjà rencontré plusieurs métiers différents de la communication scientifique (médiation, vulgarisation). Des acteurs et actrices qui travaillent dans des environnements différents : médias, associations, entreprises privées…

Aujourd’hui, avec Célia Esnoult, nous allons découvrir la communication scientifique au sein des instituts de Recherche Publique. Y a-t-il beaucoup de différences ? Est-ce plus simple de faire de la communication scientifique dans ces entités ?

Je vous invite à parcourir cet article pour vous faire une première idée…

Comment se passe la communication scientifique dans les instituts de recherche ?

 

Célia Esnoult, un savant mélange de sciences et de partages

Découvrir la communication scientifique par hasard…

Notre héroïne du jour a un cursus purement scientifique et technique. Elle a commencé avec un Bac S (anciennement scientifique, pour vous jeunes lecteurs) et a ensuite continué avec une licence en chimie des matériaux. Pour autant, elle aimait aussi beaucoup la littérature et le partage. Elle appréciait ainsi communiquer autour des sciences et des découvertes.

Après sa licence, Célia se posait de nombreuses questions. Devait-elle continuer dans les sciences ? Ou tenter de concilier sciences et partages ? Les aspects de formation et de pédagogie l’intéressaient aussi particulièrement. C’est dans ce contexte qu’elle découvre, un peu par hasard, un Master de Communication Scientifique, à l’Université de Bordeaux. C’est une sorte de révélation ! Elle s’aperçoit alors qu’il existe d’autres masters de ce type et c’est finalement celui de Strasbourg qu’elle suivra.

 

… Et en faire une vocation !

Célia Esnoult, CNRS, IRD, Communication scientifique

© Célia Esnoult.

Lorsque Célia s’est inscrite au Master, elle n’avait aucune expérience en communication scientifique. Cependant, la formation offre la possibilité d’expérimenter et « de mettre les mains dans le cambouis ». Célia est ainsi devenue présidente de l’association de communication scientifique lors de sa première année (M1). Elle a ensuite rejoint les Petits Débrouillards pour son premier stage. Cette expérience lui a permis de réaliser des missions d’appui sur l’événementiel, d’aider à la mise en place de la Fête de la Science, ainsi que de réaliser des actions de médiation scientifique sur le terrain, notamment en animation de quartier. L’association des Petits Débrouillards lui a bien plu et elle y est donc restée en tant que vacataire pendant son M2. Malgré tout, elle l’avoue, travailler dans les quartiers populaires reste dur psychologiquement.

C’est lors de son deuxième stage qu’elle commence à entrer dans l’univers de la Recherche Publique. Elle travaille alors à Sorbonne Université sur l’organisation de la Fête de la Science et continue ensuite avec un CDD. Ces missions comportaient beaucoup d’événementiel, avec finalement peu de médiation. Il y avait de nombreuses actions d’organisation et de contacts avec les laboratoires et les associations étudiantes.

À l’issue de cette expérience, Célia Esnoult a l’opportunité de rejoindre le CNRS en tant que chargée de communication, à l’Institut des Sciences de l’Information et de leurs Interactions INS2I du CNRS (autrement dit, les « sciences du numérique »). Son poste est alors très polyvalent et donc très formateur. Elle a notamment travaillé sur une BD pour mettre en avant les femmes en informatique.

Aujourd’hui, depuis 1 an, Célia travaille à l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), à Marseille où elle est cheffe de projet, en particulier sur les réseaux sociaux.

 

La communication scientifique en institut, très important pour Célia Esnoult

Faire connaître la Recherche

Travaillant dans le domaine des sciences publiques, Célia Esnoult considère que c’est essentiel de partager et de communiquer sur les actions réalisées dans les différents laboratoires. En effet, il est important que les citoyens sachent à quoi servent leurs impôts. La communication scientifique dans la recherche publique permet donc, entre autres, de faire une sorte de retour sur investissement. Concrètement : « à quoi sert l’argent du contribuable ? ».

De plus, Célia a toujours eu une frustration. Celle de constater que la science n’est pas toujours considérée comme de la culture. Pourtant, elle devrait être toujours accessible et du domaine public, au même titre que l’art.

 

La communication scientifique en institutions, une organisation spéciale ?

Célia Esnoult, CNRS, IRD, Communication scientifique

© Célia Esnoult.

L’objectif principal de la communication scientifique dans les instituts de recherche est vraiment de valoriser les travaux de recherche menés au sein des différents laboratoires. Il faut faire savoir ce qu’il se passe du côté des chercheuses et chercheurs. Cela passe donc par des canaux adéquats, à adapter en fonction des sujets et des personnes visées.

De son côté, Célia Esnoult travaille principalement sur les réseaux sociaux. Ces derniers sont souvent la vitrine, la première entrée des institutions. L’IRD possède des comptes Facebook, Instagram, Twitter, LinkedIn et YouTube. Chacun a sa propre cible. Twitter est ainsi plutôt à destination des professionnels et des décideurs, tandis que Facebook et Instagram sont plutôt à destination du grand public, voire de la jeunesse (18-25 ans). Ils ont surtout pour vocation de les intéresser aux sciences et aux objectifs de développement durable (climat, santé).

En ce qui concerne l’organisation de son travail, Célia, en tant que cheffe de projet, est plutôt indépendante. Il y a malgré tout des comités éditoriaux toutes les semaines qui peuvent traiter toutes les remontées de sujets et orienter les canaux. Parmi les différents réseaux, Célia s’occupe principalement du compte Instagram jeunesse, ce qui implique beaucoup de recherches pour les projets et beaucoup de déplacements sur des lieux d’événements. Parfois, elle doit aussi créer du contenu sur le vif, souvent en vidéos.

 

Dans tous les cas, l’échange est roi !

Célia Esnoult estime que « si tu es bien dans ton travail, tu es bien dans ta vie ». Elle est donc ravie d’avoir trouvé sa voie, son domaine. En réalisant ce métier, sa vocation, Célia se sent privilégiée. Elle a eu beaucoup de chances de trouver un métier que la motive.

Ce qu’elle apprécie particulièrement c’est l’échange humain, qui amène à rencontrer beaucoup de scientifiques, à découvrir plein de domaines et donc à apprendre tous les jours des « trucs » de science. La communication scientifique est vraiment très enrichissante, surtout si on possède une curiosité « naturelle ».

Célia se rend également compte que les scientifiques sont vraiment passionné.e.s. Ils ont envie d’aller voir les publics. Il y a beaucoup de dévouements de leur part : ils souhaitent partager leurs recherches et leur passion, transmettre leurs travaux de recherche.

En ce qui concerne l’IRD, Célia est dans une équipe avec une responsable de service très bienveillante, très ouverte et qui lui laisse la possibilité d’évoluer.

 

Du privé au public : quelles différences d’après Célia Esnoult ?

En recherche publique, surtout un pont entre scientifiques et citoyens

Certes, les Petits Débrouillards est une association, donc l’entité ne relève pas complètement du privé. Pour autant, Célia Esnoult le confirme, il y a des différences dans la façon de mener la communication scientifique entre une association et un institut de Recherche. Les différences résident surtout au niveau des moyens humains et financiers.

Célia Esnoult se considère surtout comme un appui à la recherche. Elle cherche vraiment à construire ce pont entre la Recherche et la société. Elle s’estime être au service de la science.

Aujourd’hui, Célia s’est donnée comme enjeu de réussir à toucher les plus jeunes (15-25 ans) à travers la création de contenus sur les réseaux sociaux, notamment via un compte Instagram lancé par l’IRD pour sensibiliser la jeunesse aux défis sociétaux liés aux ODD (Objectifs de Développement Durable).

CNRS, IRD, Communication scientifique

© Célia Esnoult.

 

Des missions qui présentent aussi des difficultés

Célia le rappelle, lorsque l’on travaille pour un institut public, il faut respecter la charte et la ligne éditoriale. Beaucoup de choses dépendant de la politique menée par l’organisme, ainsi que des projets qui sont menés. Le communicant.e se doit de rester neutre.

De plus, certains tâches sont parfois fastidieuses et répétitives. Il peut donc y avoir un risque de se lasser, les actions devenant moins passionnantes.

Enfin, lorsqu’il n’y a pas suffisamment de moyens, réaliser des actions de médiation scientifique peut parfois être compliqué.

 

Pour Célia Esnoult, la communication scientifique a un bel avenir devant elle

La crise sanitaire liée à l’épidémie de COVID19 a montré que la société avait besoin des sciences et d’informations certifiées. Il y a eu (et a toujours) une véritable « crise des fake news ». La science doit donc pouvoir pallier rapidement ce problème d’envergure et ce, grâce à la mobilisation des scientifiques.

Certes, la communication scientifique ne semble pas encore être la priorité financière, pour autant, elle semble de plus en plus essentielle pour armer les citoyen.ne.s et avoir des outils intellectuels permettant de se faire un avis par soi-même.

La communication scientifique, pour Célia Esnoult, est donc un domaine qui a de l’avenir, notamment en ce qui concerne la sensibilisation sur les aspects santé ou climat, des sujets préoccupants. Il faut montrer que la science peut proposer des solutions. Elle doit informer et avertir la société !

CNRS, IRD, Communication scientifique

© Célia Esnoult.

 

Quelles sont pour vous les différences principales entre communication scientifique dans le privé et dans le public ?

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